Nous vous transmettons ci-dessous l’hommage rendu à Marc Crétier par son beau-frère Christian Décamps, Président fondateur des Amis du Canal du Nivernais.
« Marc Crétier est décédé le 5 avril dernier à l’âge de 57 ans. J’ai fait sa connaissance, il y a presque 30 ans à Châtillon-en-Bazois, où je me trouvais pour faire une projection de photographies sur le canal du Nivernais. Il venait de reprendre la barre de l’Aster, bateau promenade du Conseil général de la Nièvre succédant alors à son père André, décédé l’année précédente d’une crise cardiaque à la barre du même bateau. Notre passion commune pour le canal a fait que nous nous sommes liés d’amitié.Je l’ai entraîné dans l’association des Amis du canal où très vite il a pris une part active ; c’est dans ce cadre que j’ai appris à le connaître. J’y ai vu un garçon toujours prêt à rendre service, disponible et surtout d’une extrême gentillesse. Il est devenu Vice-président de l’association pour la Nièvre jusqu’en 2002 et a œuvré de manière importante à l’organisation des rallyes fluviaux entre 1997 et 2003.Lors de l’assemblée générale de l’association en 1995 en plus de Colette, sa compagne, il y avait Corinne sa sœur et un peu plus tard il est devenu mon beau-frère. Je suis rentré dans sa famille et j’ai pu encore plus apprécié son attachement aux siens, à ses oncles, tantes et cousins – tous issus du milieu fluvial. Il aimait les grandes réunions familiales où l’on se remémore la vie batelière. En effet son père André et sa mère Claudette déjà enfants de mariniers avait eu leur propre bateau le « Crébo » avant de débarquer en 1975 et d’être employés par le Conseil général : éclusière à Chatillon-en-Bazois pour Claudette et pilote de l’Aster pour André. Pour les oncles et tantes, c’était de même, ils avaient tous ou avaient eu des bateaux ; quant aux cousins, certains sont toujours dans le milieu fluvial. Marc aimait rire, boire un coup avec ses copains, raconter des histoires. Mais c’est surtout sur l’eau qu’il rayonnait. La barre entre les mains, il était le seul maître à bord. S’il n’avait pas le « macaron », très vite il s’en rapprochait et le prenait pour ne plus le lâcher. C’était un plaisir de le voir piloter. Il a été très déçu en 2002 quand il a dû amarrer l’Aster à Saint-Léger-des-Vignes car elle ne répondait plus aux normes de sécurité alors qu’il avait participé à sa réfection complète en 1999. Étant agent du Conseil général, il a été affecté à Nevers dans le service de livraison du matériel et mobilier. Loin de l’eau, il a demandé en 2005 son affectation comme agent d’entretien du canal du Nivernais poste qu’il occupait encore. En 2007, lors du rallye des amis du canal à Chatillon-en-Bazois il conduisit l’Aster sur son lieu d’amarrage traditionnel et eut soudain l’espoir de la conduire à nouveau, mais il dut la ramener à Saint-Léger-des-Vignes, et ce sera le dernier voyage de Marc à son bord. Il essaya avec l’association des « ligéries de Decize » de trouver une solution pour que le bateau reste dans la Nièvre. Ils proposèrent de le mettre sous abri et la coque dans l’eau mais c’est l’association « Aqua » qui récupéra l’Aster quand elle quitta définitivement la Nièvre pour le musée de la batellerie de Saint-Jean-de-Losne en 2014 et qui, après l’avoir restaurée, reprend en partie l’idée de Marc, d’un abri sur l’eau. L’Aster est un bateau patrimonial. C’est en effet la dernière péniche en bois, construite en 1951 à la Chapelle-Montlinard (Cher). Un des grands-oncles de Marc, Marcel Prévost en a même été propriétaire entre 1967 et 1969 durant son activité commerciale. Marcel est un des enfants d’Adèle Lebourg, arrière grand-mère de Marc, née à Biches (Nièvre) le 2 juin 1883, sur le bateau de ses parents. Ces derniers, Paul Lebourg et Catherine Perruchet, sont donc mariniers également. Paul Lebourg est né sur le canal du Berry à Vallon-en-Sully (Allier) le 18 février 1856 sur le bateau de ses parents « l’role N°2 ». Les parents Gilbert Lebourg et Anne Greuzat sont également mariniers. Il y a donc 5 générations de mariniers avant Marc !Tout ceci explique son profond attachement au milieu fluvial et à ce bateau. Malheureusement depuis plusieurs années, Marc était en dépression. Regarder passer les bateaux sur le canal ne lui suffisait pas et son travail ne le satisfaisait plus. Le manque d’autonomie, une hiérarchie pesante, les rivalités entre collègues, tout ceci lui donnait l’impression de nager en eaux troubles, lui qui était né sous le signe du poisson, habitué aux eaux claires. C’est donc la maladie qui l’a emmené vers son dernier voyage, alors bon vent Marc !
Christian Décamps
Président fondateur de l’association des Amis du canal du Nivernais
Président de 1989 à 1999
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